Points clés
- La pancréatite chronique est une inflammation durable du pancréas qui entraîne fibrose et perte de fonction.
- Les principales causes sont l'abus d'alcool, les calculs biliaires et les troubles métaboliques.
- Douleurs abdominales persistantes, perte de poids et diarrhée graisseuse sont les signes les plus fréquents.
- Le diagnostic repose sur l'imagerie (IRM, échographie) et les tests sanguins d'enzymes pancréatiques.
- Le traitement combine abstention d'alcool, enzymes de substitution, prise en charge de la douleur et parfois chirurgie.
Qu’est‑ce que la pancréatite chronique ?
Lorsque l’on parle de pancréatite chronique est une inflammation persistante du pancréas qui, avec le temps, provoque une fibrose irréversible et une diminution de la production d'enzymes digestives et d'insuline.
Contrairement à la pancréatite aiguë, les lésions ne guérissent pas complètement. Le tissu pancréatique se remplace progressivement par du tissu cicatriciel, d’où apparaissent les douleurs chroniques et les troubles digestifs.
Les causes principales
Plusieurs facteurs peuvent déclencher ou favoriser cette inflammation durable:
- Alcool: la surconsommation (plus de 80g par jour) est la cause la plus fréquentée chez les hommes.
- Calculs biliaires: ils bloquent le canal pancréatique, provoquant une irritation prolongée.
- Hypertriglycéridémie: des triglycérides très élevés (supérieurs à 1000mg/dL) peuvent endommager le pancréas.
- Facteurs génétiques: mutations du gène PRSS1 ou CFTR augmentent la susceptibilité.
- Auto‑immunité: une réponse immunitaire anormale contre le pancréas conduit à une inflammation chronique.
Dans 30% des cas, aucune cause identifiable n’est retrouvée; on parle alors de pancréatite idiopathique.

Symptômes à surveiller
Les symptômes apparaissent souvent de façon progressive, ce qui rend le diagnostic difficile. Voici ce que vous pourriez ressentir:
- Douleur abdominale: généralement dans l’épigastre, irradiant vers le dos, s’intensifiant après les repas gras.
- Perte de poids: due à une mauvaise absorption des nutriments.
- Diarrhée graisseuse (stéatorrhée): selles volumineuses, malodorantes, visibles à l’œil nu.
- Diabète de type3c: le pancréas endommagé ne produit plus assez d’insuline, entraînant un diabète secondaire.
- Fatigue chronique: la malabsorption entraîne des carences en vitamines (A, D, E, K).
Si vous avez déjà une des conditions suivantes - alcoolisme, antécédents de calculs biliaires ou maladie métabolique - restez vigilant.
Diagnostic: comment confirmer la maladie?
Le médecin combine plusieurs investigations:
- Analyse sanguine: recherche d’une élévation persistante des enzymes pancréatiques (amylase, lipase) et du glucose à jeun.
- Imagerie: l’IRM donne une vue détaillée du tissu, tandis que l’échographie détecte les calcifications ou les dilatations du canal.
- Test fonctionnel: le test de stimulation sécrétoire aide à mesurer la capacité du pancréas à libérer des enzymes.
Le diagnostic repose sur la présence d’au moins deux critères parmi douleurs chroniques, anomalies d’imagerie et déficience enzymatique persistante.
Traitements et prise en charge
Il n’existe pas de cure miracle; l’objectif est de ralentir la progression, contrôler la douleur et corriger la malabsorption.
- Arrêt de l’alcool: même une consommation modérée peut aggraver l’inflammation.
- Enzymes de substitution: pancréatin aide à digérer les graisses et réduit la stéatorrhée.
- Gestion de la douleur: anti‑inflammatoires non stéroïdiens (AINS) en première ligne, puis opioïdes faibles si nécessaire.
- Control du diabète: surveillance glycémique, metformine ou insuline selon la sévérité.
- Interventions endoscopiques: dilatation du canal par sphinctérectomie endoscopique pour diminuer la pression.
- Chirurgie: resections partielles (duodénectomie) ou dérivations lorsqu’il y a des complications obstructives.
Un suivi nutritionnel est crucial; un diététicien recommande un régime pauvre en graisses (moins de 30% des calories) et riche en protéines.

Mode de vie et prévention
Adopter certaines habitudes peut limiter les rechutes:
- Éviter l’alcool et le tabac.
- Manger des repas petits et fréquents pour réduire la stimulation du pancréas.
- Privilégier les graisses saines (huile d’olive, avocats) plutôt que les graisses saturées.
- Faire contrôler régulièrement les triglycérides et le glucose.
- Pratiquer une activité physique modérée pour améliorer la sensibilité à l’insuline.
Pancréatite chronique vs pancréatite aiguë: tableau comparatif
Aspect | Pancréatite chronique | Pancréatite aiguë |
---|---|---|
Durée | Plusieurs mois à années | Jours à semaines |
Cause principale | Alcool, calculs, génétique | Blocage du canal (calcul, trauma) |
Symptômes majeurs | Douleur récurrente, perte de poids, diabète | Douleur soudaine, nausées, vomissements |
Imagerie | Calcifications, fibrose | Enflure du pancréas, liquide nécrotique |
Traitement | Enzymes, abstention alcool, gestion douleur | Hydratation, jeûne, parfois chirurgie |
Pronostic | Risque de diabète, insuffisance digestive | Bonne récupération si prise en charge rapide |
Questions fréquentes (FAQ)
La pancréatite chronique peut‑elle être réversible?
Une fois la fibrose installée, le tissu pancréatique ne repousse pas. Cependant, les symptômes peuvent être fortement atténués grâce à l’arrêt de l’alcool, aux enzymes de substitution et à la prise en charge de la douleur.
Quel rôle joue le diabète dans la pancréatite chronique?
Le pancréas endommagé produit moins d’insuline, menant à un diabète de type3c. Ce diabète nécessite souvent une surveillance plus stricte et parfois un traitement insulinique.
Les enzymes de substitution sont‑elles obligatoires?
Elles sont recommandées dès l’apparition de signes de malabsorption (stéatorrhée, perte de poids). Elles améliorent la digestion et réduisent les douleurs postprandiales.
Quel suivi médical est conseillé?
Un contrôle tous les 3‑6mois incluant bilan sanguin (enzymes, glucose), imagerie si l’évolution n’est pas stable, et suivi nutritionnel avec un diététicien.
La chirurgie est‑elle une option courante?
Elle est réservée aux cas compliqués (obstruction du canal, pseudokystes, douleur réfractaire). Les techniques modernes, comme la duodénectomie avec préservation du canal biliaire, offrent de bons résultats.
2 Commentaires
Ameli Poulain
Merci pour ce résumé clair.
Mame oumar Ndoye
Ce sujet touche vraiment à la condition humaine, la façon dont notre corps gère la douleur révèle tant de résilience. En lisant, on comprend que la maladie n’est pas seulement physique mais aussi psychologique. Il faut soutenir les patients avec compassion et encourager des changements de mode de vie réalistes. Chaque petit pas compte dans la gestion de la pancréatite chronique.