À retenir
- Le LDL élevé augmente le risque d’apnée du sommeil et vice‑versa.
- L’apnée obstructive du sommeil favorise la dysrégulation du métabolisme lipidique.
- Hypertension, obésité et inflammation sont des leviers communs.
- Une prise en charge combinée (CPAP, régime, statines) réduit nettement les complications cardiaques.
- Surveiller le taux de cholestérol chez les patients apnéiques est essentiel.
Qu’est‑ce que le Low‑Density Lipoprotein (LDL) est une lipoprotéine qui transporte le cholestérol du foie vers les tissus périphériques, souvent associée à l'athérosclérose lorsqu'elle est en excès?
Le LDL représente la fraction la plus «mauvaise» du cholestérol. Un taux sanguin supérieur à 130mg/dL est généralement considéré comme élevé chez les adultes sans antécédents cardiovasculaires. Le LDL transmet du cholestérol aux cellules, mais lorsqu’il s’accumule dans les parois artérielles, il forme des plaques durs qui réduisent le flux sanguin.
Les principaux facteurs qui gonflent le LDL sont une alimentation riche en graisses saturées, le manque d’activité physique, la génétique (hypercholestérolémie familiale) et certaines maladies métaboliques comme le diabète.
Qu’est‑ce que l’apnée du sommeil?
L’apnée du sommeil, plus précisément l’apnée obstructive du sommeil (AOS), se caractérise par des pauses respiratoires répétées pendant le sommeil, causées par le relâchement des muscles de la gorge. Ces pauses peuvent durer de quelques secondes à plus d’une minute et se reproduisent plusieurs fois par heure.
Les symptômes les plus fréquents sont le ronflement intense, la somnolence diurne, les réveils nocturnes avec sensation d’étouffement et les maux de tête matinaux. Le diagnostic repose sur une polysomnographie qui mesure l’indice d’apnée‑hypopnée (IAH). Un IAH supérieur à 15 événements/h indique une apnée modérée à sévère.
Interaction entre le LDL et l’apnée du sommeil
Des études récentes montrent que les patients apnéiques présentent en moyenne un taux de LDL 10‑15% plus élevé que les contrôles non apnéiques, même après ajustement de l’indice de masse corporelle (IMC). Cette corrélation s’explique par trois mécanismes principaux:
- Hypoxie intermittent: chaque épisode d’apnée provoque une chute brutale de la saturation en oxygène, déclenchant une réponse inflammatoire systémique qui perturbe le métabolisme lipidique.
- Activation du système nerveux sympathique: la perte d’oxygène stimule le réflexe sympathique, augmentant la libération de catécholamines qui favorisent la lipolyse et la re‑esterification du LDL.
- Stress oxydatif: l’hypoxie répétée génère des radicaux libres qui oxydent le LDL, rendant les particules plus atherogènes.
En retour, un LDL élevé favorise l’insuffisance vasculaire et l’épaississement de la paroi des voies aériennes supérieures, aggravant le collapsus pharyngé pendant le sommeil.
Facteurs de risque communs
Plusieurs variables augmentent simultanément le risque d’hyper‑LDL et d’apnée du sommeil:
- Obésité: le tissu adipeux cervicale exerce une pression mécanique sur les voies aériennes et libère des cytokines qui élèvent le LDL.
- Hypertension: le stress artériel intensifie la rigidité vasculaire, créant un cercle vicieux avec le LDL oxydé.
- Inflammation: les interleukines (IL‑6, TNF‑α) sont augmentées dans les deux pathologies.
- Diabète de type 2: la résistance à l’insuline altère le transport du cholestérol et augmente la sévérité de l’apnée.

Conséquences cardiovasculaires
L’association LDL‑apnée multiplie le risque d’évènements cardiaques majeurs. Une méta‑analyse de 2023 incluant 12000 patients a montré que les apnéiques avec LDL >130mg/dL avaient un hazard ratio de 2,1 pour un infarctus du myocarde comparé aux patients sans ces deux facteurs.
Les mécanismes sous‑jacents comprennent:
- Formation accélérée de plaque d’athérome grâce au LDL oxydé.
- Instabilité plaque due à l’inflammation chronique liée à l’hypoxie.
- Arrhythmies nocturnes provoquées par les fluctuations de la pression sanguine pendant les épisodes apnéiques.
Ces résultats justifient la nécessité d’une double surveillance chez les patients présentant l’un ou l’autre de ces facteurs.
Approches de prise en charge
Le traitement efficace combine correction de l’apnée et maîtrise du LDL.
1. Thérapie par pression positive continue (CPAP)
Le CPAP normalise la respiration nocturne, réduit l’hypoxie et diminue les marqueurs inflammatoires. Une étude de 2022 a observé une baisse moyenne de 12% du LDL après trois mois de CPAP quotidien.
2. Modifications du mode de vie
- Perdre 5‑10% de poids corporel: chaque kilo perdu peut réduire le LDL de 1‑2mg/dL et améliorer l’indice d’apnée.
- Adopter le régime DASH ou méditerranéen: riche en fibres, oméga‑3, fruits et légumes, ces régimes abaissent le LDL et améliorent la qualité du sommeil.
- Faire au moins 150minutes d’activité aérobique par semaine: l’exercice augmente le HDL («bon cholestérol») et stabilise le tonus des muscles pharyngés.
3. Médicaments hypolipidémiants
Les statines restent le premier choix pour réduire le LDL de 30‑50%. Chez les apnéiques, elles ont aussi un effet anti‑inflammatoire qui peut atténuer la sévérité de l’apnée.
Dans les cas de résistance aux statines, les inhibiteurs de PCSK9 ou les fibrates peuvent être envisagés, toujours sous contrôle médical.
4. Gestion des comorbidités
Traiter l’hypertension, le diabète et l’obésité de façon intégrée maximise les bénéfices sur le LDL et l’apnée.
Checklist pour les patients à haut risque
- Faire mesurer le taux de cholestérol (LDL, HDL, triglycérides) tous les 6mois.
- Demander un dépistage du sommeil si vous ronflez fort ou êtes somnolent le jour.
- Utiliser le CPAP chaque nuit si prescrit; vérifier le masque et le niveau de pression chaque mois.
- Adopter un plan alimentaire pauvre en graisses saturées et riche en fibres.
- Pratiquer une activité physique régulière, même une marche de 30minutes suffit.
- Contrôler la tension artérielle et le glucose sanguin selon les recommandations de votre médecin.
Tableau comparatif des marqueurs biologiques
Paramètre | Apnéiques (n=150) | Non‑apnéiques (n=150) |
---|---|---|
LDL (mg/dL) | 142 ± 28 | 119 ± 22 |
HDL (mg/dL) | 46 ± 9 | 55 ± 11 |
Triglycérides (mg/dL) | 178 ± 45 | 132 ± 38 |
CRP ultrasensible (mg/L) | 3.2 ± 1.1 | 1.8 ± 0.7 |
Pression artérielle moyenne (mmHg) | 138/86 | 122/78 |
Questions fréquentes
Pourquoi le LDL augmente‑t‑il chez les patients apnéiques?
Pourquoi le LDL augmente‑t‑il chez les patients apnéiques?
L’apnée provoque des épisodes répétés d’hypoxie qui déclenchent une inflammation et un stress oxydatif. Ces signaux biologiques perturbent le métabolisme des lipides, favorisant la production de LDL et sa oxydation, ce qui le rend plus atherogène.
Le traitement CPAP réduit‑il réellement le taux de LDL?
Oui, plusieurs essais cliniques ont montré une diminution moyenne de 10‑15% du LDL après trois à six mois d’utilisation quotidienne du CPAP, surtout chez les patients qui respectent le traitement à plus de 4 heures par nuit.
Dois‑je prendre des statines si je suis déjà traité pour l’apnée?
Si votre LDL reste supérieur à 130mg/dL malgré les changements de mode de vie et le CPAP, le médecin recommandera généralement des statines. Elles agissent en synergie avec le traitement de l’apnée pour réduire le risque cardio‑vasculaire.
L’obésité est‑elle la cause principale de cet enchaînement?
L’obésité amplifie le risque d’apnée et d’augmentation du LDL, mais ce n’est pas le seul facteur. L’hypoxie, la génétique et les habitudes alimentaires jouent aussi un rôle majeur.
Quel suivi médical est recommandé après le diagnostic d’apnée?
Un suivi tous les 3 à 6mois avec contrôle du taux de cholestérol, de la pression artérielle et de la glycémie. Un rappel de la conformité au CPAP et, si besoin, un ajustement de la pression ou du masque sont également conseillés.