Les avantages et les risques de la drospirénone dans les pilules contraceptives

La drospirénone est une hormone présente dans certaines pilules contraceptives, notamment Yasmin, Yaz et leurs génériques. Contrairement aux progestatifs traditionnels, elle agit comme un antagoniste de l’aldostérone, ce qui lui donne des propriétés uniques. Beaucoup de femmes la choisissent pour ses effets sur la rétention d’eau, l’acné ou les symptômes du syndrome prémenstruel. Mais ce n’est pas une solution sans risque. En 2025, les autorités sanitaires suisses et européennes continuent d’évaluer son profil de sécurité, surtout en lien avec les caillots sanguins.

Comment la drospirénone fonctionne-t-elle dans la pilule ?

La drospirénone est un progestatif synthétique. Elle imite l’action de la progestérone naturelle, mais avec une structure chimique légèrement différente. Ce qui la distingue, c’est son effet anti-minéralocorticoïde. Cela signifie qu’elle bloque les récepteurs de l’aldostérone, une hormone qui fait retenir le sodium et l’eau dans les reins. Résultat : moins de ballonnements, moins de prise de poids liée à la rétention d’eau.

Elle est souvent associée à de l’éthinylestradiol, une forme d’œstrogène. Ensemble, ils empêchent l’ovulation, épaississent le mucus cervical et mincissent la muqueuse utérine - les trois mécanismes classiques de la contraception hormonale. Mais la drospirénone ajoute une couche supplémentaire : elle réduit les fluctuations hormonales qui aggravent l’acné et l’irritabilité avant les règles.

Les avantages réels de la drospirénone

Si vous avez essayé d’autres pilules et que vous avez eu des effets secondaires comme des gonflements, une peau grasse ou des sautes d’humeur, la drospirénone peut être une bonne alternative. Une étude publiée en 2023 dans le Journal of Women’s Health a suivi plus de 12 000 femmes pendant deux ans. Ceux qui prenaient une pilule à base de drospirénone ont rapporté une réduction de 40 % des symptômes du syndrome prémenstruel (SPM) comparé à celles qui prenaient des progestatifs classiques comme le lévonorgestrel.

Elle est aussi efficace contre l’acné. L’Agence européenne des médicaments (EMA) l’a approuvée pour ce usage en 2018, après des essais cliniques montrant une amélioration visible après trois à six mois. Les dermatologues la recommandent souvent aux jeunes femmes qui ne veulent pas de traitement topique ou d’antibiotiques.

Enfin, elle n’augmente pas le risque de prise de poids comme certains autres progestatifs. Une méta-analyse de 2024 a comparé 17 pilules différentes. Les femmes sous drospirénone ont eu une variation moyenne de poids de +0,3 kg sur 12 mois - presque négligeable.

Les risques : ce qu’on ne vous dit pas toujours

Malgré ces avantages, la drospirénone n’est pas sans danger. Le principal risque est lié aux caillots sanguins. En 2011, la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis a alerté sur un risque accru de thrombose veineuse profonde et d’embolie pulmonaire chez les femmes prenant des pilules contenant de la drospirénone. Ce risque est plus élevé que chez celles qui prennent des pilules avec d’autres progestatifs comme le lévonorgestrel.

Le risque absolu reste faible : environ 10 à 12 cas pour 10 000 femmes par an, contre 5 à 7 cas pour les autres pilules. Mais ce n’est pas négligeable. Les facteurs qui l’augmentent : fumer, avoir plus de 35 ans, être en surpoids, avoir un antécédent personnel ou familial de caillots, ou souffrir d’hypertension.

En Suisse, l’OFSP (Office fédéral de la santé publique) recommande de ne pas prescrire la drospirénone comme première ligne chez les femmes à risque. Elle est réservée aux cas où les autres options ont échoué ou causé des effets indésirables.

Qui ne devrait pas prendre de drospirénone ?

Il y a des contre-indications claires. Vous ne devez pas prendre une pilule contenant de la drospirénone si vous avez :

  • Un antécédent de thrombose veineuse ou artérielle
  • Un cancer du sein ou de l’utérus hormono-dépendant
  • Des maladies du foie
  • Des migraines avec aura
  • Une hypertension non contrôlée
  • Des antécédents de diabète avec complications vasculaires

En outre, les femmes de plus de 35 ans qui fument doivent absolument éviter cette pilule. Le tabac multiplie par cinq le risque de caillot chez les utilisatrices de pilules contenant de la drospirénone, selon une étude suisse de 2024 menée sur 8 000 patientes.

Étagère de pilules contraceptives avec symboles colorés et avertissement rouge pour la drospirénone en style De Stijl.

Les effets secondaires courants

Même sans caillot, vous pouvez ressentir :

  • Des nausées, surtout au début
  • Des maux de tête
  • Des seins sensibles
  • Des saignements entre les règles (spotting)
  • Une baisse de la libido

La plupart disparaissent après deux à trois cycles. Mais si les nausées persistent ou si vous avez des douleurs thoraciques, une respiration sifflante ou une enflure soudaine d’une jambe, consultez immédiatement un médecin. Ce sont des signes d’alerte.

Comment la drospirénone compare-t-elle aux autres progestatifs ?

Comparaison des progestatifs dans les pilules contraceptives
Progestatif Effet sur l’eau Effet sur l’acné Risque de caillot Adapté aux femmes de +35 ans ?
Drospirénone Réduit la rétention Très bon Élevé Non, si fumeuse
Lévonorgestrel Neutre Moyen Bas Oui, sans tabac
Desogestrel Légère rétention Bon Moyen Oui, sans tabac
Norgestimate Neutre Moyen Bas Oui, sans tabac

Si votre priorité est de réduire les ballonnements et l’acné, la drospirénone est l’une des meilleures options. Mais si vous cherchez une contraception sûre à long terme, sans risque accru de caillots, le lévonorgestrel reste la référence.

Que faire si vous avez déjà pris de la drospirénone ?

Si vous prenez déjà une pilule avec drospirénone et que vous n’avez pas eu d’effets secondaires graves, ne l’arrêtez pas brutalement. Un arrêt soudain peut provoquer des saignements irréguliers ou une reprise rapide de la fertilité.

Parlez à votre médecin. Il peut vous aider à évaluer si les bénéfices l’emportent encore sur les risques. Posez-vous ces questions :

  • Est-ce que mes symptômes (acné, SPM) ont vraiment amélioré ?
  • Est-ce que je fume ou ai-je un facteur de risque de caillot ?
  • Est-ce que je peux essayer une autre pilule avec un progestatif moins risqué ?

Des alternatives existent : les pilules à faible dose d’œstrogène, les progestatifs purs (mini-pilule), les dispositifs intra-utérins (DIU) hormonaux ou en cuivre. Tous sont plus sûrs en termes de thrombose.

Femme à la consultation médicale avec ombre de cigarette et alternatives contraceptives en style De Stijl.

Les dernières recommandations en 2025

En Suisse, les gynécologues suivent les lignes directrices de l’Association suisse de gynécologie et d’obstétrique (ASGO). Elles précisent que la drospirénone doit être prescrite avec prudence. La première ligne reste les pilules avec lévonorgestrel ou norgestimate, à faible dose d’œstrogène (20 à 30 µg).

La drospirénone est réservée aux femmes qui :

  • Ont un SPM sévère non contrôlé par d’autres méthodes
  • Ont une acné modérée à sévère résistante aux traitements topiques
  • Ne fument pas et sont en bonne santé cardiovasculaire
  • Sont informées des risques et acceptent de faire des contrôles annuels

Les femmes de plus de 35 ans doivent absolument éviter la drospirénone, même si elles ne fument pas. Les études récentes montrent que l’âge seul augmente le risque de thrombose, même sans autres facteurs.

Questions fréquentes

La drospirénone fait-elle grossir ?

Non, la drospirénone ne fait pas grossir. Elle réduit même la rétention d’eau, ce qui peut donner l’impression d’une perte de poids. Mais elle ne fait pas perdre de la graisse. La prise de poids liée aux pilules est souvent due à d’autres facteurs, comme le stress ou l’alimentation. Une étude de 2024 a montré que les femmes sous drospirénone avaient une variation moyenne de poids de +0,3 kg sur un an - presque négligeable.

Peut-on prendre la drospirénone si on a des migraines ?

Non, si vous avez des migraines avec aura (lumière clignotante, engourdissement, troubles du langage avant la douleur), la drospirénone est contre-indiquée. Les œstrogènes augmentent le risque d’accident vasculaire cérébral chez ces femmes. Même sans aura, les migraines sévères doivent être évaluées avec prudence. Un médecin peut vous proposer une alternative sans œstrogène.

Combien de temps faut-il pour voir les effets sur l’acné ?

Il faut généralement trois à six mois pour voir une amélioration nette de l’acné. Les hormones mettent du temps à s’équilibrer. Ne vous découragez pas si votre peau semble pire au début - c’est courant. Si après six mois, il n’y a pas d’amélioration, discutez avec votre médecin d’un changement de traitement.

La drospirénone protège-t-elle contre les maladies sexuellement transmissibles ?

Non, aucune pilule contraceptive ne protège contre les IST. La drospirénone ne fait que prévenir la grossesse. Si vous avez des partenaires multiples ou un risque d’infection, utilisez toujours un préservatif. La contraception hormonale et la protection contre les IST ne sont pas interchangeables.

Est-ce que la drospirénone est plus chère que les autres pilules ?

Oui, elle est généralement plus chère que les pilules classiques. En Suisse, une boîte de 21 comprimés coûte entre 25 et 35 francs, contre 10 à 20 francs pour une pilule au lévonorgestrel. La sécurité sociale ne rembourse que les pilules de première ligne. Si vous voulez la drospirénone pour des raisons médicales (acné, SPM), votre médecin peut demander une prise en charge exceptionnelle.

Que faire après ?

Si vous envisagez de commencer ou d’arrêter la drospirénone, ne prenez pas cette décision seule. Consultez un médecin ou une sage-femme. Apportez votre historique médical, vos symptômes, vos inquiétudes. Il n’y a pas de « meilleure » pilule universelle - seulement la meilleure pour vous.

La contraception est un outil de santé, pas un simple moyen d’éviter la grossesse. Elle doit vous apporter un bien-être global, pas de nouveaux problèmes. La drospirénone peut être une bonne solution - mais seulement si vous connaissez ses risques et si vous êtes suivie régulièrement.

1 Commentaires

Dominique Faillard
Dominique Faillard
  • 31 octobre 2025
  • 20:13

Ok mais sérieux, qui a dit que la drospirénone c’était la panacée ? J’ai vu des meufs se faire emboliser parce qu’elles ont cru que ‘moins de ballonnements’ = ‘pas de risque’. La pub est toxique, les pharmas nous vendent des pilules comme des crèmes anti-rides. 🤡

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